Dans de nombreuses organisations, on lance les projets avec enthousiasme… mais sans véritable pilotage. Or un projet sans suivi, c’est un projet exposé. Exposé aux dérives, aux retards, aux surcoûts, à la perte de valeur.
Le Project Management Institute (PMI) rappelle que 11,4% des investissements projet sont perdus chaque année faute de gouvernance adéquate. McKinsey estime qu’une gouvernance de portefeuille mature augmente de 30% la valeur livrée, à ressources équivalentes.
Autrement dit : ne pas suivre un projet coûte toujours plus cher que de le suivre. Voici les 4 freins majeurs rencontrés lorsqu’un projet n’est pas piloté… et ce qu’ils génèrent comme pertes visibles et invisibles.
L'inefficacité interne générée par l’absence de pilotage
Absence de visibilité sur l’avancement réel
Sans tableau de bord, sans points réguliers, personne ne sait vraiment :
- Où en est le projet,
- Ce qui bloque,
- Qui fait quoi,
- Si la trajectoire est maîtrisée.
Sans suivi, impossible de savoir ce qui avance, stagne ou dérive. Les décisions deviennent réactives plutôt que proactives. Le reporting verbal donne souvent un faux sentiment de progression.
Projets mal cadrés
Les objectifs, les livrables et les responsabilités sont flous. Le projet avance… mais pas forcément dans la bonne direction. Sans cadrage, les projets démarrent trop vite, sur des bases floues.
Re-travail, doublons, tâches inutiles
Faute de coordination, certains sujets sont traités deux fois… ou mal traités. On gaspille du temps et de l’énergie. Sans animation, les équipes refont, défont, corrigent, doublonnent.
Désengagement des équipes
Quand on ne sait pas où va le projet ni comment il progresse, la motivation chute. Les contributeurs se désengagent progressivement. Sans visibilité ni reconnaissance, la motivation baisse. Le projet devient une « corvée » plutôt qu’un levier d’impact.
La clarté des objectifs et du pilotage est le premier facteur d’engagement dans les projets.
Les retards causés par un manque de suivi et de décisions
Retards non détectés à temps
Sans suivi, les dérives de planning ne sont identifiées qu’au moment où elles deviennent critiques. Ce qui aurait pu être corrigé en 3 jours prend 3 mois. Chaque mois de retard sur un projet créateur de gains entraine une perte nette.
Décisions bloquées ou retardées
Les validations tardent car personne n’a les éléments pour trancher. Les équipes attendent une décision qui ne vient pas. Les semaines passent.
Les dérives stratégiques dues à l’absence de gouvernance
Priorités floues ou changeantes
Sans gouvernance, chaque équipe détermine ses propres priorités. Les équipes avancent alors sur ce qu’elle pense être prioritaire… mais parfois à côté du besoin réel ce qui entraîne une dispersion de l’effort.
Perte d’alignement stratégique
Le projet n’adresse plus le problème initial. Ou la stratégie a évolué. Personne ne remet le cap à jour et le projet ne sert plus le besoin réel de l’organisation.
Projets fantômes (shadow projects)
Sans gouvernance, les initiatives non validées prolifèrent. Chacun lance sa mini-initiative dans son coin. Cela dilue les ressources et crée du bruit organisationnel. On peut souvent observer que 10 à 30% du portefeuille sont des projets fantômes.
Ressources mal allouées
Les projets à forte valeur sont bloqués, pendant que les projets secondaires avancent. Le temps est investi au mauvais endroit, ou pas au bon moment. On constate souvent que les initiatives prioritaires ont un avancement moyen inférieur à l’avancement global du portefeuille.

Le manque de maîtrise des risques
Absence d’anticipation des risques
Sans gouvernance, les risques apparaissent uniquement lorsqu’ils explosent. Les solutions coûtent plus cher et prennent plus de temps.
Dépassements de budget
Sans suivi, le budget glisse. Toujours. L’absence d’alertes et d’arbitrages réguliers entraînent une explosion des coûts. Les sponsors découvrent trop tard que l’enveloppe est dépassée.
Selon le PMI, 27% des projets dépassent leur budget initial faute de pilotage robuste.
Communication défaillante
Chacun a une version différente de :
- l’avancement,
- des objectifs,
- des blocages.
Faute de reporting clair, chacun a sa propre version de l’avancement. La confiance se dégrade.
Probabilité accrue d’échec ou d’abandon
Les projets non suivis ont un taux d’échec nettement plus élevé. Le temps investi est perdu, la valeur attendue n’est jamais captée.
Selon Standish Group, 64% des projets dans les grandes organisations sont :
- en retard,
- hors budget,
- ou ne livrent pas la valeur attendue.
L’absence de gouvernance est une cause majeure.
Ce qu’il faut retenir
Le suivi n’est pas un luxe, c’est une assurance-vie pour le projet. Chaque problème pris isolément semble “gérable”. C’est leur cumul, invisible et permanent, qui crée un véritable sabotage économique.
C’est précisément ce que mesure le Cost of Poor Governance (CoPG). Et c’est ce coût-là, invisible, diffus, mais énorme que les dirigeants doivent comprendre pour reprendre le contrôle.
Les organisations qui réussissent sont celles qui :
- éclairent leurs initiatives,
- tranchent vite,
- suivent régulièrement,
- éliminent les projets fantômes,
- concentrent l’effort sur ce qui a le plus d’impact.
La bonne volonté ne suffit pas. La gouvernance est un avantage compétitif.




